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Longlong
8 octobre 2005

Immersion

immersion1 Immersion de Alain Fleisher. David Fischer se lance à Venise sur les traces de Hanna Heller, une jeune déportée qui survécut aux camps et s'expatria en Amérique du Sud lorsqu'elle comprit qu'une autre avait pris sa place, chez elle comme dans le coeur de son ami. Hanna est la mère de Stella, une jeune fille que David connut à Buenos Aires et qui s'y noya vingt ans plus tôt.

Au cours de ses recherches, il rencontre Vera, une jeune nageuse pragoise, sosie parfait de Stella, et il se lie avec Avigdor Sforno, un vieux Prince érudit, tapi au fond de son palais, qui a consacré les dernières années de sa vie à analyser la question de la livre de chaire exigée par Shylock à son débiteur dans Le marchand de Venise de Shakespeare.

Le voyage qui entraîne ensuite David et Stella à travers l'Europe est un retour aux sources, à l'enfance, à l'innocence, à une matrice qui est aussi la terre promise, la Palestine. Le roman est un voyage parmi les mots, à la recherche d'une image première, pure et silencieuse.

Les mots se mèlent, entrent en résonnance, deviennent bruit, fracas et donc aussi inaudibles. Après les camps, l'image ne peut plus être générée que par une surabondance de mots. 

Le thème du double est lui aussi exploité jusqu'au vertige, jusqu'à ce point où la surcharge se mue en légerté. Le salut est peut-être dans cet écheveau de doubles: le Prince et son portier, Vera et Stella, les images et les mots, la vie et le roman, les vivants et les morts, l'homme et son biographe, Venise et New York. Il est peut-être dans cette quête de l'image par les mots, quête de photographe devenu romancier, où le double révèle, où le négatif se fait miroir.

Un roman mat et brillant, lourd et léger, amphibie...

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