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Longlong
3 mars 2006

Rashomon

rashomon Rashomon de Kurosawa (1950). Nous sommes au Japon, au XIème siècle. Un prêtre, un bûcheron et un passant discutent sous un majestueux portique qui les abrite d'une pluie diluvienne. Le bûcheron a trouvé au coeur de la forêt le cadavre d'un homme. On apprend qu'il aurait été assassiné par le célèbre bandit Tajomaru et que ce brigand aurait également violé sa femme.

Mais le crime est décrit de façon différente dans chacun des témoignages que rapportent nos trois hommes. Au procès, Tajomaru a raconté une version des faits. La femme, une version très différente. Le Samouraï mort, qu'on parvient à faire parler par l'intermédiaire d'un médium, apporte lui aussi son histoire. Le bûcheron, qui n'a pourtant pas été le témoin direct de la scène, nous livre le récit le plus crédible.

Chacun des protagonistes cherche par son récit à se mettre en valeur ou au moins à se disculper. Le récit du suivant vient chaque fois ternir le tableau. Il ressort de la conjugaison de ces mensonges l'impression que chacun s'est en fait conduit avec couardise, que les acteurs de cette scène horrible ont été, au contraire de ce qu'ils prétendent, tous lâches et poltrons.

Un film humaniste mais qui présente de façon très sombre la nature humaine. La touche optimiste qui le clôt (au grand soulagement du prêtre qui désespérait de l'humanité, le bûcheron adopte un bébé abandonné) et le beau temps qui revient au-dessus du portique ne suffisent pas à racheter les ignominies dont Kurosawa nous a fait l'étalage.

Rashomon traite de façon très dense et très efficace de thèmes éternels du cinéma: la subjectivité des images, l'absence de vérité objective, mais aussi de la folie (Tajomaru est un superbe personnage de fou), de l'honneur (que perd évidemment, dans cette société, la femme violée), de la difficulté de l'exercice de la justice, ...

C'est un des films qui a popularisé le cinéma japonais en Europe, sans doute parce qu'il est intemporel et qu'il pénètre dans ce que l'âme humaine a de plus universel.

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