La possibilité d'une île

La Possibilité d'une île de Michel Houellebecq. Daniel 1 vit quelques années après nous. Quelques années qui permettent à l'auteur de forcer légèrement le trait. Dans son "récit de vie", Daniel 1 raconte ses succès d'humoriste, son amour pour Isabelle, sa rencontre avec la jeune et délurée Esther, son entrée dans la secte des Elohimites, mais aussi sa chute, à l'âge où le rire devient impossible, où l'insouciance d'Esther le fait souffrir, où son chien Fox devient son seul compagnon.

Son récit est commenté par son clone néo-humain Daniel 25 qui vit selon la règle de la Soeur suprême: seul avec le successeur de Fox, à l'abri de toute émotion, dans l'immobilité et la contemplation. Loin des cités de néo-humains où l'on se nourrit de sels minéraux et où l'on vit grâce à la photosynthèse, s'entretuent dans un monde dévasté par les guerres et les cataclysmes, sur les décombres de nos villes, des hordes de sauvages.

Mise en garde ou prophétie? Houellebecq présente comme un prophétie ce qu'il veut que nous prenions comme une mise en garde. Houellebecq est irritant parce qu'il décrit comme inéluctable ce qui n'est qu'une des évolutions possibles.

Si Plateforme suintait la complaisance, La possibilité d'une île flaire le déterminisme, l'évidence, l'absurde. Houellebecq provoque, mais jamais gratuitement. Par le rejet et la révolte qu'elles ne peuvent manquer d'inspirer, ses provocations et ses prophéties, tant dans Plateforme que dans La possibilité d'une île, conduisent à une lecture en creux, lecture morale et parfois même optimiste. Le titre n'invite-t-il pas d'ailleurs à espérer?

Je commence Immersion d'Alain Fleischer: mon prochain billet.